Reproduction interdite

Il avait dit rdv à 17h. Il était en retard, ce qui en soi n’avait pas grande importance. Je n’en avais pas pris ombrage. Et quand il avait saluer une première personne puis une seconde, j’avais patienté. Quand il m’avait dit : “attends, je vais jeter ça et j’arrive“. J’avais commencé à sentir ce truc à l’intérieur de moi, comme un sentiment de déjà vu, bien connu mais non encore identifié. Et, il a continué à me faire attendre, malgré lui, je crois. Il allait à gauche, à droite, et j’ai senti un malaise s’installer en moi. Cette situation, je l’avais tant de fois vécu au sein d’une autre relation. Que ce moment de vie d’apparence anodine était en train de soulever en moi un cataclysme. Alors même si je comprenais, même si je voyais qu’il n’y avait pas de mauvaise intention, j’étais en incapacité de recevoir cette situation. C’était au-dessus de mes forces. Je ne voulais pas être celle que j’étais, que je sentais dans ce moment-là.

Et ce n’est que bien plus tard, que j’ai vu ce qui se reproduisait vraiment. Je me sentais “la conne de service qui attend“. Voilà, les mots étaient posés. Je ne disais rien. Je tolérais. Je gardais le silence avec toute ma compréhension. C’est un peu comme si ma capacité d’empathie, de me mettre à la place de l’autre m’empêchait d’être à la mienne, d’être à ma place. J’étais incapable de dire “hé ho, t’es venu m’aider ou bien ? Parce que là, j’en ai marre d’attendre après toi“,  ou un truc du genre. Et pour cause, je n’en avais même pas eu l’idée. Ça aussi je le connaissais bien. Je l’avais tant côtoyé par le passé.

Quand le passé nous rattrape, nous pouvons nous laissez embarquer par nos vieux schémas. Cela nous amène dans une situation doublement désagréable. A la fois, vivre à nouveau une situation qu’on pensait remisée au placard pour de bon. Et à la fois, voir qu’on la gère encore de la même manière, dans ce mutisme incompréhensible pour ma part.

Espérer que ce sera la dernière fois ! Se souhaiter de ne plus ressentir ça, et d’être capable de nommer ce qui est, dans l’instant. Et penser à soi avant tout pour se respecter davantage. Égoïsme me voilà ! (sourire)

Alors face à tout ça, j’ai pris les mesures qui s’imposaient et j’ai direct officialisé les choses :
“Toute reproduction, totale ou partielle, de mes vieux schémas ou d’un ou de plusieurs de ses composants, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation expresse de sa créatrice, est interdite, et constituerait une infraction, sanctionnée par les articles selon la nouvelle loi de Nadège.“

Nan mais oh c’est qui le boss !!

Promulguons nos propres loi et gardons foi en notre capacité d’avancer en délaissant le passé.

Photo © Nadège Depresle |Texte © Nadège Depresle

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