Pourquoi j’avais fermé ma gueule ?



Pourquoi j’avais fermé ma gueule ? Voilà la question qui tournait en boucle dans ma tête. 24h après la fin de ce rendez-vous, cette question n’avait visiblement pas décidé de la boucler. Ironie du sort.

Je m’en voulais de ne pas avoir dit ce que je pensais. Je m’en voulais de l’avoir laissé dire de telle aberration, de ne pas l’avoir reprise pour lui démontrer que ce qu’elle disait n’avait pas de sens. Je m’en voulais de ne pas avoir porter la cause des enfants. Je m’en voulais de ne pas avoir su dire tout haut ce que je pensais tout bas, sans animosité mais avec fermeté. Je m’en voulais de ne pas avoir été un exemple devant mon enfant qui était là. Seulement voilà, j’avais fermé ma gueule.

Et puis, dans cette tourmente, une petite voix à l’intérieur de moi, d’une douceur infinie m’a dit :
– “Mais, tu sais très bien pourquoi t’as fermé ta gueule. Tu l’as fait parce que c’était ce qu’il y avait de plus intelligent à faire dans ce moment-là. Parce que de suite, aux premiers mots de cette personne, tu as senti qu’elle se positionnait dans cette posture ascendante, avec la ribambelle de « moi, je sais », « moi, je détiens le pouvoir », « c’est moi qui décide ». D’ailleurs, elle te l’a dit littéralement cette dernière phrase. Est-ce vrai ? Non. Non, ce n’est pas elle qui décide. Ce n’est pas elle qui décide pour toi, pour tes enfants, pour les enfants. Ce n’est pas elle qui impose sa loi. Par contre, c’est ce qu’elle croit. Et toi, tu savais très bien pourquoi tu étais là. Tu avais juste besoin qu’elle signe le papier, qu’elle valide, qu’elle donne son accord pour poursuivre ce en quoi tu crois. Alors ouvrir ta gueule face à ce type de personne, c’est comme décider de s’élancer en voiture à 200Km/h dans un mur. La fin de l’histoire est connue de tous. Garder le silence, laisser dire, pour poursuivre ta route, et mener ta vie comme tu l’entends, c’était la meilleure option. En fermant ta gueule, tu as fait le choix de ne pas partir au combat pour une cause perdue d’avance. En fermant ta gueule, tu as conservé ton énergie… Enfin si tu n’y avais pas consacré ces dernières 24h ! (quand la petite voix intérieure te balance ta vérité).

Et surtout, ce qui te met réellement en colère, ce n’est pas d’avoir fermé ta gueule. Ce qui te met réellement en colère, c’est de voir qu’en 2022, il y a encore des personnes qui pensent “ça“ des enfants, qui n’ont aucune empathie, aucune intelligence émotionnelle et qui croit en un système éducatif qui est totalement déconnecté des enfants, de leur bien-être et de leur épanouissement. Et tout ça, ça génère de la tristesse en toi.“

Alors après avoir écouté ma petite voix, j’ai écouté ma colère et ma peine. J’ai pleuré et espéré un monde meilleur pour nos enfants. Et la question a été bouclée. Pas le sujet.

Parfois le vrai sujet n’est pas là où on le croit.

 

Texte & photo © Nadège Depresle

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