N’importe quoi

En lisant son sms, “Ne dis pas n’importe quoi“, j’avais direct senti une fermeture en moi. Avant de comprendre le lien avec cette phrase : “Oh n’importe quoi Nadège !“. Cette phrase, telle une injonction, qui venait me nier, nier ce que je disais, ce que je ressentais, nier mes émotions. Cette phrase dont j’avais été assénée bien dès fois durant des années. Et auquel, je crois j’avais fini par adhérer. Je dis n’importe quoi.

Seulement voilà, ce que je venais de partager était basée à la fois sur mon ressenti, je sentais qu’il avait véritablement envie de m’aider. A la fois sur la réalité, donc sur des faits tangibles : il n’y avait pas l’espace temps pour m’aider. Est-ce qu’il ne souhaitait pas le créer, le prendre, le trouver ? Ou était-ce juste impossible à ce moment-là pour lui ? Je ne savais pas vraiment. Et d’ailleurs, je ne cherchais même pas la réponse. Ce que je savais en revanche, c’est que cela faisait trois fois qu’il reportait ce moment. A chaque fois avec de bonnes raisons. Alors oui, dans cette situation, je voyais une part de moi qui voulait fuir, parce que recevoir cette aide me mettait au défi de sortir de ma grotte. Je savais, parce que ma confiance en moi s’est renforcée ces dernières années, que malgré mes peurs et mon envie de renoncer, j’étais aussi face à une personne qui vivait un décalage entre ce qu’elle disait “on prendra tout le temps nécessaire“ (tellement touchée, j’avais été.) et ce qu’elle faisait. Je crois que cela nous arrive à tous. Des moments de paradoxe. Cependant, il y a une différence entre le paradoxe entre soi et soi et le paradoxe qui inclus l’autre et qui peut torpiller une relation en un rien de temps.

Alors face ce sms, mes mots qui sortent plutôt facilement habituellement étaient devenus silence. Je ne savais pas quoi dire… quoi faire… J’étais devenue mutique. Puis, m’étais alors revenue cette relation d’amitié de longue date qui avait été anéantie quand la personne avait dit, exactement sur le même ton, avec la même intonation : “Oh n’importe quoi Nadège !“. Est-ce que cette relation allait elle aussi prendre le même chemin et être relayée au passé ? Tout ça, ce n’était pas facile à vivre en interne.

Je ne dis pas n’importe quoi. Je dis ce que je ressens, ce que je perçois, ce que je vis, et ce qui me semble être la réalité. Cela ne veut pas dire que j’ai raison. Et cela ne veut pas non plus dire que j’ai tord parce que je serai trop dans l’émotionnel, dans la fuite ou que sais-je encore…

L’autre n’a pas toujours conscience qu’il vient réveiller nos blessures du passé, dans une phrase anodine qui aurait pu passé inaperçue. Et même lorsque nous sommes dans nos blessures, et que cela nous fait tanguer à l’intérieur, ne perdons pas la confiance acquise qui nous permet – enfin – de nous affirmer et de dire ce que l’on a à dire (Même si c’est en différé, dans le sens un peu après coup. Même si c’est encore malhabile, parce qu’on débute).

Ne nous laissons pas retourner le cerveau, nous faire douter, … D’autant que juste après avoir nommé ce décalage entre l’intention et la réalité de l’action, cela s’est reproduit à nouveau. Report et annulation. Ce n’était ni un jugement, ni un reproche de ma part, juste un constat. Et peut-être que je ne pouvais pas encore reconnaitre que ce constat m’affectait, plus que je ne voulais bien l’admettre.

 

Texte & photo © Nadège Depresle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *