Météo intérieure

Sur le chemin du retour, de notre balade au bord de mer, nous pressions le pas. Le ciel de Normandie était d’un gris menaçant qui affichait clairement : « vous n’allez pas y couper ». Et je n’aime pas la pluie. Alors, oui, je sais, c’est important pour la Terre, pour les plantes, la végétation. N’empêche que je n’aime pas marcher sous la pluie et revenir trempée avec les vêtements qui collent à la peau. Rien que d’y penser, je me sens mon corps se crisper et mon visage faire la mou. 

Bref, il allait pleuvoir et je voulais rentrer au plus vite. C’était comme défier le temps. Quand mon enfant a dit : « il est beau le ciel ! ». Clairement, mon esprit n’a pas compris. Incontestablement, le ciel ne pouvait pas être beau puisqu’il était « gris menaçant ». Comme une incompatibilité majeure. C’était comme si quelqu’un venait me dire de bon matin : « ils ont annoncé de la pluie toute la journée, je suis trop heureux ! ». Vous imaginez ? A part un agriculteur peut-être qui attend avec impatience et qui, en cachète, fait une danse secrète pour appeler la pluie. 

J’ai levé les yeux au ciel. Je l’ai regardé. Et contre toute attente, il n’était ni gris, ni noir, ni menaçant. Sa couleur était difficilement définissable. Je n’avais jamais vu un ciel de cette couleur. Si beau, je devais le reconnaitre. 

J’aime quand mes enfants me montrent la beauté du monde. Ils m’apprennent à regarder vraiment. Ils me montrent comment contempler, avec mon regard d’enfant. 

Et d’un coup, ce ciel m’a fait ralentir, pour revenir à l’essentiel, et m’émerveiller devant ce gris anthracite qu’aucun peintre ne peut reproduire. 

Je ne sais pas quel temps il va faire aujourd’hui, mais peu importe si je le regarde avec mon âme d’enfant. Ce n’est plus lui qui détermine mon rythme, mon humeur et mon emploi du temps. 

Précision photo :  la photo a été prise un autre jour, avec un effet dans le contour. Je pense qu’un tel ciel ne se laisse pas capturer en photo. La Nature impose comme son propre filtre qui nous dit : « regarde-moi telle que je suis, pose ton téléphone, et fais silence, écoute ». 

Texte & photo © Nadège Depresle

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