J’arrive à mon rendez-vous en connaissant déjà mon dossier, et je sais que je ne suis pas une bonne candidate. En quelques minutes d’échange avec la secrétaire, je comprends que mon dossier ne peut pas passer. Pas du tout. Je ne rentre pas dans les cases. Est-ce que je dois m’excuser d’Être moi-même ? Parce qu’indubitablement, ce sont mes choix de plus en plus connectés à celle que je suis qui font qu’aujourd’hui je suis face à cette impasse.
Je suis quand même reçue. Avec un peu de recul, j’en suis surprise. Le rendez-vous se déroule. Le projet pourrait être envisagé avec de telles conditions que j’ai plus vite fait de faire le grand saut du haut de la tour Eiffel. Je sors de ce rendez-vous. Et j’ai ce sentiment d’être face à un sketch.
Ma vie est “un sketch“ quand je suis capable de prendre de la hauteur sur ce qui est entrain de se dérouler. Je regarde ça comme d’en haut, dans un autre espace. Je peux même m’en amuser, voire en rire. Et pourtant ce qui se vit là dans l’instant, dans la “concrétude“ de la vie n’est pas drôle, pas du tout. Mais c’est tellement énorme ! Un goût de “n’en jeter plus, la coupe est pleine“. Alors quand je suis sortie du rdv, j’étais pas complètement anéantie. J’étais amusée, j’étais dans cet espace de recul qui me faisait relativiser… Et peut-être encore l’espace d’un moment, me couper de la réalité et toute l’impossibilité que la situation soulevait.
C’est après que cela a été plus dur, parce que être face à ce mur, cela impliquait de renoncer à ce projet. Et l’envisager me plongeait dans un état indescriptible.
Le gars devait quand même me rappeler en fin de journée pour une piste qu’il avait. Et il ne l’a pas fait. J’étais agacée. Et j’ai compris une chose importante, celle-là même qui me fait écrire cette chronique Intérieur : j’étais arrivée avec mon dossier sous le bras, et l’énergie de la nana qui n’a pas le bon dossier. Puisque je le savais. Pourquoi le dissimuler. Tout en moi vibrait donc : “c’est mort“, avec un relent de posture de victime que je n’ai assurément pas aimé voir après coup.
Le lendemain, à la première heure, j’ai appelé le gars, sans l’accuser de rien, venait m’assurer qu’il avait bien noté mon numéro… Qui sait… Laisser cet espace de possibilité. Et donc, on a fixé un autre rdv le jour même. Dès le début du rendez-vous, j’ai senti que quelque chose avait changé. Je l’ai d’abord soupçonné de m’avoir googlisé. Comme si les informations recueillies sur moi m’avaient donné plus de crédibilité. Mais surtout à la différence de la veille, j’étais connectée à ma puissance (je ne suis pas fan de ce mot, mais c’est celui qui semble le plus à propos). Ok, j’ai le “mauvais“ dossier. Ok, c’est pas gagné. Et j’y crois Ok ! Donc, si nous devons collaborer su ce projet, il va falloir y croire comme moi. Je ne me souviens plus trop comment je lui ai sorti ça à la fin de notre échange. Je me souviens juste de la surprise que j’ai créé en moi de m’entendre dire ça, avec un tel aplomb de surcroit !!
L’échange n’avait rien à voir avec la veille. Même si nous n’avions pas de solution tangible dans l’instant, je sentais une possible collaboration dans ce projet où il allait falloir avoir des épaules solides. C’est à ce moment précis que j’ai failli regretter l’époque des épaulettes. Et pis, nan.