La maitresse a dit…

Un soir, en récupérant ma fille à l’école, la maitresse a demandé à me parler. Ma fille avait eu un comportement inadapté à l’égard de l’ATSEM et cela ne devait pas se reproduire. C’est une sensation étrange que de se faire convoquer par la maitresse, on a l’impression qu’on va se faire gronder, comme un gosse. Un gosse qui ne serait pas responsable de ce qui vient de se produire. Et oui, je suis responsable de l’éducation que je donne à mon enfant mais pas de ce qu’il fait… surtout quand je ne suis pas là et que ce n’est pas moi qui pose le cadre. 

Je me suis de nouveau mise à la place de cette maman à qui chaque soir, on disait devant tous les parents qui attendaient derrière, bien rangés, à la queue leu leu pour récupérer leur progéniture que son enfant s’était ENCORE mal comporté aujourd’hui. Dans ce cas précis, la maitresse ne prenait plus soin de recevoir la maman, à l’abris des regards indiscrets. 

J’avais imaginé l’effet que cela produirait à la maman et à l’enfant que la maitresse nomme LE truc que l’enfant avait « bien » fait dans sa journée, en décidant d’occulter sciemment tout le reste. Une expérience positive sur 30 jours, allez j’étais prête à négocier 20. Doux rêve ! 

J’avais vu tant de fois cette maman sermonner son enfant une deuxième fois, le priver de ci ou ça à son retour à la maison. Double peine ! 

Cette maman était démunie comme je l’étais quand je me suis présentée devant la maitresse, intriguée tout de même. J’ai écouté. J’ai dit que j’en parlerai avec ma fille le soir, à la maison, qui pourtant était là. Et j’ai remercié cette maman de m’avoir montré la voie de ce que je ne voulais pas pour mon enfant : le sermonner devant tout le monde. Surtout, je voulais entendre sa version des faits. Et sous le regard de l’adulte, de l’éducateur, cela n’aurait pu être que biaisé. Je ne comprends pas que la parole de l’adulte soit plus importante que celle de l’enfant. 

Alors ma fille m’a expliqué pourquoi elle s’était emportée. Et même si je n’étais pas là, j’étais finalement responsable de ça. Comme quoi ! Oui, c’est moi qui lui avait appris à mettre son manteau que si elle en ressentait le besoin. C’est moi qui lui avait appris à écouter son corps, et à le respecter. Alors ce jour-là, où l’ATSEM l’avait forcé encore une fois à mettre son manteau alors qu’elle savait qu’elle aurait trop chaud et qu’elle n’aurait pas le droit de le poser sur la cour, elle s’est rebellée. Ou plutôt elle a manifesté son désaccord avec force sans pourtant autant être entendue. Encore une fois, elle a été jouée en ayant trop chaud. Et j’imagine une sorte de sensation d’être fautive… alors qu’il n’en est rien. Sensation assez déroutante que j’ai déjà connecté à des moments de vie.

Mais vous direz ce n’est pas grave ! C’est un peu comme quand on dit à un enfant qu’il ne peut pas aller aux toilettes ou à mon autre fille qui a failli se faire coller parce qu’elle avait oser boire de l’eau alors qu’il ne restait que 20 min de cours. Oui, les besoins du corps, c’est une vaste connerie ! 

P.S. : je me suis dit : “tu ne vas tout de même pas finir cette chronique sur ça.“ Et pis, si.

Texte & photo © Nadège Depresle

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