J’ai corrigé la copie d’OrelSan

Dans la voiture, en entendant la chanson “Jour Meilleur“ d’OrelSan à la radio, j’ai observé qu’à chaque fois j’entendais mes petites voix commenter sa voix. Et j’étais amusée de ça. Je vous dirai un peu plus bas pourquoi cela devenait mon propre refrain sur ces paroles. Alors, j’ai eu l’idée de corriger sa copie, de me prendre l’espace d’un instant pour une maitresse de chanteur. Et c’est une nouvelle fois amusée, que j’ai découvert quelques jours plus tard, que ces parents étaient profs.

Dans cette chronique Intérieur, je vais vous partager :
– Pourquoi c’est important d’écouter les petites voix à l’intérieur de soi,
– Le rôle de l’humour dans la vie,
– Le courage nécessaire pour avancer dans la vie.

Et qui sait, je ferai peut-être une digression sur la dépression dans ma vie et la mort. Va-t-on vraiment rigoler ? Suspens ! ha ha ha

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Je ne sais pas dans quel sens il est préférable de lire :

– Lire la correction tout en bas de la chronique, possiblement découvrir les paroles de cette chanson, puis lire la chronique ci-dessous
– Lire la Chronique puis la correction des paroles de cette chanson.

A vous de voir ! Vous êtes les maitres de cette lecture.
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Pourquoi je m’autorise à corriger sa copie ?

Je me suis demandée de quel droit je pouvais écrire cette correction de la chanson « Jour Meilleur » d’OrelSan. Parce que peut-être que certains se diront que je juge, que je critique le travail d’un autre. Et c’est surtout moi à travers ça qui ait peur d’être jugée ou critiquée.

Je me suis demandée comment je prendrai ça si quelqu’un faisait ça sur l’une de mes chroniques. Alors je me suis souhaitée d’avoir la force d’en rire. Cette correction écrite avec humour et sincérité, elle est aussi et surtout un support à réflexion et à un partage plus profond.

Cette idée de correction et d’écrire les coulisses de cette correction sommeille en moi depuis quelques mois maintenant. Voilà un aperçu du courage qu’il faut pour avancer dans la vie. Avoir une idée, sentir qu’elle vibre, que ça frétille à l’intérieur, qu’elle nous amuse et oser la partager au monde malgré les peurs (ou à ses proches selon le contexte). Ça demande du courage. Parce que lorsqu’on fait ça, on se met à nu et on s’expose aussi. On prend un risque, on ne sait pas comment ça va être reçu. On a aucun pouvoir sur ça. On connait juste l’intention dans laquelle on est, l’envie de partager qui nous anime et la joie qui nous motive.

Après toutes ces hésitations (3 mois quand même !), je réalise que je suis légitime pour écrire ça. Et ce, pour trois raisons :
1 – Mon expérience de vie
2 – Mon humour
3 – Ma foi

Mon expérience de vie

Je me sens légitime pour apporter mon point de vue et mon regard sur ces paroles parce que je connais la dépression. Dans ma vie, j’ai fait deux dépression, l’une à 20 ans et l’autre il y a quelques années. Celle qu’on soigne à coup d’anti-dépresseur et de psy et celle qu’on soigne en allant toucher le fond, sans autre alternative que se relever ou mourir. Un fond qui ne semble jamais atteint et on finit par se demander si le fond existe vraiment. Mais ceci est une autre histoire, d’un choix qui a fait peur à plus d’un dans mon entourage.

Dans ces moments-là, l’autre ne peut rien pour nous. Et pourtant, la présence de l’autre et son écoute (ou sa présence silencieuse) peuvent tout changer. Avoir quelqu’un qui écoute, sans juger, sans chercher à trouver des solutions, c’est un bien précieux, qui s’il se vendait ne pourrait pas être à la portée des bourses de la plupart d’entre nous.

Alors cette chanson me touche quand il dit : “tu pourras compter sur moi le temps que ça dure“ et “j’pourrai toujours écouter“. Je connais la valeur de cette présence et aussi l’absence de celle-ci qui vient vous faire puiser au fond de vous, une force que vous ne pouviez pas soupçonner tellement elle vous coûte de la trouver.

La dépression a forgé en grande partie ma force intérieure.

Mon humour

Je pense profondément que l’humour m’a sauvé la vie. Cette capacité de rire de la situation m’a permis simultanément de rire dans des moments très difficiles de ma vie et d’apprendre progressivement à rire de moi, aussi. C’est une ressource encore aujourd’hui.

Rire de la situation, rire de soi, c’est se donner l’opportunité de prendre du recul face à une situation. Parfois, en racontant ce que je traverse, j’entends l’autre rire. Il faut dire je raconte hyper bien, surtout mes malheurs. Et le rire de l’autre peut m’apporter de la joie, et même changer mon état émotionnel et mon niveau d’énergie.  Cela demande d’accepter que l’autre rit de nos malheurs, de ne pas le prendre personnellement. Et si la vie n’est qu’un jeu, alors on peut en rire. Nan ? C’est cet humour qui a porté cette correction, comme elle me porte dans la vie de tous les jours.

Le rire est salvateur.

Ma foi

C’est elle qui me donne la force aujourd’hui de publier cette correction et les coulisses. Je me dis que si cette idée est venue jusqu’à moi, ce n’est pas un hasard. Certes cela fait trois mois que je tergiverse, que je m’occupe à autre chose qu’à donner vie à cette chronique Intérieur. Et pourtant, je sens au fond de moi la joie, l’amusement et le champs des possibles que cette chronique pourrait apporter à d’autres. Même si ce n’est qu’une seule personne, qu’une seule phrase qui aide, alors je dois l’écrire.

Si on m’a soufflé cette idée, c’est que cette idée doit prendre vie.

Explication de texte sur la correction de la copie d’OrelSan

Je relis mon titre, et je marre. Allez chère maitresse qui sommeille en moi, active-toi et explique-nous !

Dès le début de cette chanson, je m’entendais dire “Vraiment ? Une seule vie ?“. Je crois en la réincarnation (libre à vous d’adhérer à ça ou pas, là n’est pas le sujet) alors forcément ça ne marchait pas pour moi. Et ironie de l’histoire, ce n’est qu’en corrigeant la copie d’OrelSan – comme quoi ! – que j’ai compris ce qu’il voulait dire, un peu plus bas.

La deuxième chose qui me faisait bondir au volant : “Tout va s’arranger, c’est faux, je sais qu’tu sais“. Mais non, c’est VRAI, TOUT VA S’ARRANGER. J’aurai pu hurler ça tellement c’était violent à l’intérieur, comme une soif de vivre affirmée à travers ma réaction. Un peu excessive ? Naaaan. Il fallait que le monde entier le sache, il faut que vous le sachiez : même quand on y croit plus, que c’est tellement dure d’endurer une telle souffrance qu’on préférerait mourir, le soleil est là, brille pour nous, même si dans l’instant, qu’est-ce qu’on s’en fout. Quand on est au fond, on ne voit plus la lumière. Le tunnel nous parait sans fin. Et pourtant, quand on s’accroche à une infime partie de vie, une raison bancale parfois, vitale surement, on voit que derrière tout ça, il est possible de renaitre, de revivre et de continuer d’avancer sur le chemin pour lequel on ne voyait aucune issu.

“Tout va pas changer, enfin, sauf si tu l’fais“ : reprendre son pouvoir personnel, trouver le courage et la force de revenir à la vie, petit à petit. D’abord avec des plaisirs banals comme boire un thé chaud, regarder un téléfilm sous un plaid. Puis progressivement allez vers ce qui nous anime profondément, qui avait dû être nier suffisamment puissamment pour en arriver à la dépression. C’est l’une de mes hypothèses, parmi d’autres qui explique cette maladie.

La correction “Pourquoi attendre pour en rire ?“ souligne et vous l’aurez surement compris en me lisant plus haut, l’importance de cumuler rire et difficulté. Les deux qui de prime abord pourrait paraitre antagoniste, ne le sont en rien. Ne pas se priver – par le biais de notre mental qui vient juger ça : “Tu es en dépression et en plus tu rigoles“. L’incohérence, l’absence de congruence fait aussi partie de la vie. Accepter ces petits moments de répit, qui deviendront de plus en plus grand.

Accepter de rire, de ressentir de la “haine“, avoir “besoin d’un ennemi“ dans ce monde bien pensant où la pensée positive est prônée comme le roi Lion en haut de la colline. S’autoriser à ressentir ça, sans jugement, juste parce que c’est là. Pour l’instant.

“Tout le monde t’a abandonné“, c’est parfois vrai sur le plan de la matière, selon l’histoire de chacun. Cela ne l’est pas sur d’autres plans, selon vos croyances personnelles. Cela fait écho à ma foi, à la présence divine qui n’est pas facile de connecter dans ces moments-là. Il y a un tel brouillard mental, une telle opacité et noirceur. Et pourtant, qu’on le veuille ou non, qu’on y croit ou pas, la Vie, la Source, Dieu, l’Univers -appelez-ça comme vous voulez- nous soutient.

L’avis de la maitresse aussi pourri que l’avis de certains profs : “Quelques répétitions mais bon travail dans l’ensemble“ n’était pas facile à assumer pour moi. Jusqu’au moment, où j’ai découvert que les parents d’OrelSan était prof. Là, je me suis dit banco ! L’humour a repris le lead, et l’assurance est venu avec.

C’est un peu pour tout ça, que j’ai eu envie de vous partager la copie corrigée d’OrelSan. Merci à lui d’avoir permis ça.
Et merci à mes petites voix à l’intérieur de moi qui sont une source d’information intarissable. A travers cette chanson – et ça marche avec les autres, j’ai pu nommer mes pensées (=mon avis, ce en quoi je crois, ce qui est important pour moi), voir le chemin parcouru, et exprimer une partie de qui je suis. Alors la prochaine fois que vous écouterez une musique, je vous invite à écouter ce que ça dit de vous en observant ce qui se passe en vous.

Conclusion

Je n’aurai pas cru un seul instant publier la plus longue chronique Intérieur écrite à ce jour. Si vous êtes arrivé jusque-là et que tout ça a résonné pour vous, vous aurez peut-être envie d’embarquer pour “Voyage au coeur de la vie“. Je vous propose une exploration en groupe avec cette question en thème centrale “si demain, je meurs ?“. Pas besoin d’avoir fait une dépression, pas besoin d’aimer OrelSan, pas besoin d’explications rationnelles pour vous inscrire. Juste suivre l’élan qui est là et vous laissez porter par l’expérience proposée. Je suis convaincue que regarder sa mort en face, c’est prendre sa vie à pleine main.

J’embarque pour le voyage.

A bientôt,
Nadège, maitresse d’un jour.

La correction de la copie d’OrelSan – Jour Meilleur

 

Texte & photo © Nadège Depresle

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