Il était beau. Mais tellement beau ! Si ça ce n’était pas de la chance, dîtes-moi comment appeler ça ? D’un coup, ma main qui avait triplé de volume ne paraissait plus un problème, j’en oubliais presque mes enfants laissés seuls dans la salle d’attente des urgences. Moi qui n’avait jamais eu de faible pour les blouses blanches et les uniformes en général, je me devais de reconnaitre que je pouvais faire une entorse à cette règle. D’ailleurs, à bien y réfléchir, est-ce que c’était une règle ? Non. Bien sur que non.
C’est ainsi que ce beau grand médecin blond au teint halé examinait ma main. Ouais blond… on était plus à une entorse près. Ha ha ha ! (parfois je suis navrée de moi-même et en même temps, tant que je me fais rire, j’avoue, je continue). Pendant l’examen, je lui dis : « heureusement que j’ai divorcé ». Oui, assurément mariée, il aurait fallu couper mon alliance. Il n’a pas rit. Il n’a pas rit ! J’ai écarquillé les yeux à l’intérieur de moi-même. S’il ne se marre pas, tout beau qu’il est, c’est mort.
Il m’a diagnostiqué une entorse du pouce. J’ai émis des réserves au regard de la gueule de mes quatre autres doigts. Non il était sûr de lui. Et puis c’était lui le médecin. C’est lui qui savait !
Avant de le quitter, je lui ai demandé où déposer le questionnaire de satisfaction qu’on m’avait remis à l’arrivée. Et là, il a fini d’enterrer toutes les possibles entorses au blouse blanche, blond, sans humour. Il m’a dit d’un ton condescendant de demander aux infirmières. Monsieur le médecin ne gérait pas ça !
Le lendemain ou le surlendemain, ma main ayant toujours le même volume et avec la “bleuitude“ accentuée, j’ai consulté un autre médecin, brun, pas urgentistes et pas d’une beauté renversante. Il m’a confirmé que j’avais une entorse… de tous les doigts, sauf du pouce.
Il était beau. Tellement beau et… c’est tout.