Dire non, vraiment ?

– “Maman, je sais que tu vas dire non mais j’ai une question…“

– “Non.“

– “Mais j’ai pas encore posé ma question ?“

– “Ça ne sert à rien puisque je vais dire non donc on sait déjà que c’est non. Donc non.“

Devant son regard d’incompréhension, j’explique à mon enfant comment moi je reçois cette première phrase “je sais que tu vas dire non à ma question“. Je vais dire qu’elle va dire non et comme ça elle va dire oui. Même si je ne suis pas sûre que ce soit son intention dans ce moment-là, du moins consciemment, c’est une forme de manipulation.

Et à cette période là, j’avais observé la répétition du « non » en amont de chaque question, comme une nouvelle introduction.  C’est comme une manière détournée de demander pour obtenir ce qu’on veut.  Parce qu’en réalité, avant d’avoir entendu la question, je ne sais pas si je vais dire oui ou non. Je ne connais même pas la question. Et penser qu’on sait la réponse de l’autre peut également orienter la réponse de l’autre, juste dans l’énergie dans laquelle on est à ce moment-là.

Je le reconnais, pour moi-même le vivre, ce n’est pas toujours évident d’arriver avec sa question dans cette espace d’ouverture de toutes les possibilités. Peut-être ce sera oui, peut-être ce sera non,  ou peut-être que ce sera une réponse modulée un peu plus subtile. Ou bien même une réponse inattendue qui ira au-delà de nos espérances.

Quand nous avons une question, une demande, ne nous laissons pas embarquer par nos limites personnelles et laissons l’autre nous répondre librement.

De la même manière, parce que là aussi je me suis vu faire (#confessions). Laissons l’autre finir de poser sa question, sa demande avant d’y répondre. Vous savez, ces scène de vie, où on croit connaitre la demande de l’enfant avec sa frimousse qu’on connait tant (ou celle d’un proche, d’un collègue…) . Alors on coupe la parole, se précipite pour balancer un « non » et on découvre que la question imaginée n’était pas celle qu’on allait nous poser.

Conclusion : on ne sait pas, alors restons dans l’ouverture et écoutons-nous jusqu’au bout ! 

Texte & photo © Nadège Depresle

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