Nous venions d’arriver pour quelques jours. Déposer les valises, ranger l’indispensable, les lits attendraient d’être faits. Au dernier moment, on a emballé rapidement un pique-nique car je souhaitais manger devant le coucher de soleil.
Sur le chemin, face à la mer, j’accélérais le pas en voyant le soleil descendre un peu plus bas, dans une rapidité que je ne lui connaissais pas. Une marche contre la montre s’enclencha. Mais je compris très vite, trop tard que nous allions manger au soleil couché et non au soleil couchant. J’étais contrariée. Avec cette déception qui grondait en moi, j’ai eu peine à me ressaisir, histoire de ne pas gâcher la soirée de tout le monde. On s’est régalé de ce petit frichti improvisé, comme j’aime tant. Ensuite, ils sont allés escalader les rochers. Je me suis retrouvée seule, mon regard se perdant sur les ombres noires des surfeurs. Cette pause silencieuse dans le bruit des vagues me connectait alors à une paix intérieure. De celle qui vous fait tout oublier, même les enfants !
Ce n’est que le lendemain, en traversant les herbes folles qui menaient à la plage de la veille, que j’ai compris que je n’avais pas manqué ce coucher de soleil. Je l’avais juste admiré en marchant, et non assise en mangeant. Et c’est en lâchant à retardement mes « conditions » pour vivre le moment parfait que j’ai réalisé, le sourire aux lèvres, que si je me permettais de vivre, d’accueillir le moment plutôt que de m’accrocher à ce que j’avais édicté, alors le parfait était déjà là. Note pour plus tard à moi-même !