La baignade : observatoire de soi

Je me suis directe déshabillée à peine mon sac était posé sur le sable. Je me suis dirigée d’un pas décidé vers la mer pour aller me baigner. 

Bien que la plage affichait complet, il n’y avait qu’un couple de vieux dans l’eau. Et je me suis demandée : « est-ce qu’il n’y a que les vieux qui se baignent en cette saison ? » La possible réponse à cette question me déplaisant, j’ai chassé cette idée, amusée. 

Et j’ai continué à m’observer. 

En à peine deux secondes, je suis passée des orteils à peine mouillés au corps immergé à la moitié. Et je suis restée un long moment comme ça avec l’eau sous la poitrine. La poitrine, c’est le deuxième cap a qui veut se baigner en entier. Je n’arrivais pas à y aller. Et j’ai observé que je n’étais pas dans le dépassement de soi, la fameuse sortie zone de confort, ou encore le défi qui m’est (m’était ?) si cher, comme un moteur. Je n’étais pas non plus dans l’expérience de se baigner en mai alors que le vent soufflait. Affichant déjà plusieurs baignades à mon actif en ce joli moi de mai 2022, je n’étais plus dans l’expérience. Une fois que tu t’es baignée dans une eau à 11° avec une température extérieure de 15° pour célébrer l’arrivée printemps (oui, oui, première baignade le 21 mars 2022 !), tu peux tout faire. ha ha ha !

Alors qu’est-ce qui me retenait d’y aller ? J’écoutais les ressentis de mon corps, j’observais mes pensées. Comme ça, dans ce moment de détente, sans enjeu. Comme un jeu, pour mieux appréhender les situations où l’émotionnel, la sensibilité, l’enjeu m’embarquent et où je perds la maitrise. J’étais donc en train de me dire que je n’allais pas parvenir à me baigner en entier. Etes-ce important ? Et simultanément que je me disais ça, mon corps, sans même m’avertir, plongea d’une traite. Amusée et surprise, j’étais. Mais qui est au commande ? Assurément, mon corps sait. Je le sais, il me le rappelle. 

J’ai enchainé les brasses à une vitesse glaciale. Et puis d’un coup, j’ai nagé plus doucement, et la détente s’est installée. J’ai cessé de nager pour me laisser porter par les vagues. 

Et je suis restée un long moment comme ça à divaguer aussi bien dans l’eau que dans ma tête. Mon corps purifié, détentu, presque régénéré, je suis sortie de la mer pour me sécher au vent. Celui-là même qui semblait refroidir certains sur leur serviette. Voilà ma motivation profonde à me baigner : faire un pied de nez à tous les passants. ha ha ha !

Epilogue : 
Il n’y a pas que les vieux qui se baignent en cette saison !

Texte & photo © Nadège Depresle

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